Comme une odeur de Musk
Rédigé le 13 octobre 2016
Je dois avouer d’emblée que je suis une groupie finie d’Elon Musk. Comme à l’habitude, son dernier plan quinquennal est venu me chercher profondément dans les tripes. Ses ambitions se sectionnent en quatre :
- Créer des toits solaires intégrés pouvant emmagasiner l’énergie en batterie
- Étendre la gamme de produits de véhicules électriques à tous les segments importants
- Développer un pilote automatique 10 fois plus sécuritaire que l’humain pour l’automobile
- Permettre à votre voiture de faire de l’argent pour vous lorsque vous ne l’utilisez pas
C’est ambitieux, voire dément. Considérant qu’il a pratiquement réalisé sa première vision, celle de créer une compagnie d’automobile électrique (et de construire des fusées en même temps avec une autre compagnie), je crois à ses chances de réussir l’impensable à nouveau.
Je suis terrassé par l’homme (et je ne suis pas le seul), son aversion au risque et son impact sur la société me font sentir comme un joueur de hockey amateur devant Alex Kovalev. Inspiré, j’ai même exprimé l’envie de tout laisser tomber et d’aller offrir mes services au culte Tesla, seulement pour me nourrir de la vision chaque jour. Serais-je assez compétent pour me hisser dans les rangs financiers de l’entreprise et me faire remarquer par son chef ?
Mon partenaire m’a fait réaliser que même si notre impact en tant qu’entrepreneur n’est pas celui de Steve Jobs, Elon Musk ou Guy Laliberté, nous pouvons toujours amener le changement dans notre cercle d’influence et ce n’est pas négligeable. La prochaine itération sera toujours plus grande que la dernière. L’attrait d’entrer dans le sillon d’êtres exceptionnels est séduisant, mais peut-être que s’en inspirer suffit.
Lorsque je regarde Elon Musk, je suis encore plus persuadé que les entrepreneurs à succès, ceux dont on parle comme des visionnaires hors du commun, sont tous un peu malades dans la tête : narcissisme aigu, mégalomanie, troubles de la personnalité limite, etc.. Je me lance dans sa biographie d’Elon et je vous reviens avec un diagnostic clinique. S’il n’est pas fou, pourquoi alors un entrepreneur qui a déjà gagné remettrait tous ses jetons sur la table pour jouer à nouveau, encore et encore? De plus, contrairement au parieur, on ne parle pas d’un geste impulsif : c’est une action déterminée, une foi en une vision à renouveler chaque jour. Notre compagnie, Le Chiffre, a déjà accompli beaucoup et nous pourrions assurément ralentir et profiter de nos acquis, réduire le risque et bien vivre de notre art. Mais est-ce suffisant? Pourquoi alors cette urgence maladive qui nous taraude d’accomplir plus, de déranger autrement? C’est peut-être un peu de folie, aussi.
C’est comme ceci, dans l’ombre des géants comme Musk, que nous en venons à avoir notre propre vision, pour les 5 prochaines années:
1re étape : Créer un cabinet qui change le paysage comptable québécois
Ne gloussez pas, surtout si vous êtes comptables. Nous croyons avec ferveur que le milieu a besoin du Chiffre. Nous ne sommes pas les premiers à dire que la comptabilité mérite d’être plus sexy, moins rébarbative. Il est anormal qu’un seul type de personne réussisse en cabinet et que le reste veuille les quitter au plus vite vers l’entreprise. Le cabinet est la place où nous devrions retrouver la comptabilité la plus pure et avancée, il devrait conséquemment attirer le talent, peu importe son tempérament. Les cabinets comptables multiplient les initiatives afin de donner un glamour à leurs établissements, ce qui est très admirable. Il manque cependant un changement profond, qui doit commencer par un remaniement culturel, qui passe aussi par des structures managériales et de rémunérations différentes. Nous pensons que Le Chiffre, qui exsude le plaisir de travailler et qui a la flexibilité qui lui permet d’embrasser l’innovation, pourra amener ce changement. Nous n’y sommes pas encore, nous apprenons encore beaucoup chaque jour; c’est une longue évolution.
2e étape : Reprendre une business existante pour la rendre géniale
Nous pensons qu’un entrepreneur en construction qui a l’œil est capable de voir le potentiel d’une maison délabrée. Il trouve le bon moment pour l’acheter, prend les bonnes décisions pour la remettre en état et voit la meilleure occasion pour la vendre. Au même titre, acheter une entreprise qui tire de la patte malgré ses capacités et réussir à la mettre sur roue, c’est un défi qui nous plait et qui viendrait valider des hypothèses de bonne gestion que nous prenons chez Le Chiffre. Pour ce faire, il nous faut des gens et de l’argent (voir la 1re étape).
3e étape : Lancer un produit qui colle
Beaucoup vous diront que l’entrepreneuriat dans le service est différent que celui du produit, que le multiplicateur est plus faible, que la croissance est limitée. Nous pensons que c’est une excuse assez faible lorsqu’on observe des entreprises comme CGI ou KPMG. Cela dit, le produit garde son aura séductrice et nous ne nions pas que son pouvoir de disruption est plus grand. Nous sommes constamment bombardés d’idées (qui sont pour la plupart loufoques) de start-up et un jour, nous en mènerons une à bien.
4e étape: Le dire à tout le monde
Voici le condensé du plan initial de Tesla:
On peut bien s’inspirer chaque jour d’une vision et la répéter comme un mantra, le chemin est long et ardu. Tesla se fait constamment cribler par les analystes financiers et les cyniques, souvent avec justesse : les voitures promises pour 2017 seront en retard, les risques sont démesurés et les autres compagnies s’attaquent à la voiture électrique de façon beaucoup plus raisonnable. Mais la raison n’accélère pas le changement, nous l’avons dit. Il faut de la folie pour être de grands entrepreneurs. Comme Musk, nous espérons juste être assez fous pour entraîner les autres, avec nous, sur notre chemin.